Tuesday, September 27, 2011

The overly importance of the reference

Il y a une quinzaine d'années, dans l'examen d'admission au volontariat d'un an, les examinateurs militaires donnèrent pour dictée aux candidats une page sans signature qui, citée dans divers journaux, y fut raillée avec beaucoup de verve et excita la gaieté de lecteurs très lettrés. "Où ces militaires, demandait-on, étaient-ils allés chercher des phrases si baroques et si ridicules?" Ils les avaient prises pourtant dans un très beau livre. C'était du Michelet, et du meilleur, du Michelet du plus beau temps. Messieurs les officiers avaient tiré le texte de leur dictée de cette éclatante description de la France par laquelle le grand écrivain termine le premier volume de son Histoire et qui en est un des morceaux les plus estimés. [...] J'ai vu des connaisseurs rire de ce style, qu'ils croyaient celui de quelque vieux capitaine. Le plaisant qui riait le plus fort était un grand zélateur de Michelet. Cette page est admirable, mais, pour être admirée d'un consentement unanime, faut-il encore qu'elle soit signée. Il en va de même de toute page écrite de main d'homme. Par contre, ce qu'un grand nom recommande a chance d'être loué aveuglément.
Anatole France, Le Jardin d'Épicure, Chateaux de cartes.

Savoir ignorer

Dans la nuit où nous sommes tous, le savant se cogne au mur, tandis que l'ignorant reste tranquillement au milieu de la chambre.
Anatole France, Le Jardin d'Épicure, À Lucien Blahfeld.

Etre beau...et mourir

J'aurais fait les hommes et les femmes, non point à la ressemblance des grands singes comme ils sont en effet, mais à l'image des insectes qui, après avoir vécu chenilles, se transforment en papillons et n'ont, au terme de leur vie, d'autre souci que d'aimer et d'être beaux."
Anatole France, Le jardin d'Épicure, À Lucien Blahfeld.