Saturday, August 29, 2009

Market, People and Happiness

The Market was invented to make the People Happy.
The People are now oppressed to keep the Market Happy.

Monday, August 10, 2009

Have you been reading one unique book?

Italo Calvino plays with his readers and allows several fictional readers to express their views on why and how they read. This one wonders if all the books he has been reading are not just part of one single grand book...

"Chaque nouveau livre que je lis vient s'insérer dans le livre complexe, unitaire, qui forme la somme de mes lectures. Cela ne se produit pas sans effort: pour composer ce livre général, chaque livre particulier doit se transformer, entrer en rapport avec les livres lus précédemment, en devenir le corollaire, le développment, la réfutation, la glose ou le texte de référence. Depuis des années, je fréquente cette bibliothèque et je l'explore volume après volume, rayon après rayon, et pourtant je pourrais vous demontrer que je n'ai rien fait d'autre que d'avancer dans la lecture d'un livre unique."
Italo Calvino, Si par une nuit d'hiver un voyageur, XI.

Sounds familiar, is not it?

Radical reductionism, by Italo Calvino

"En me promenant le long de la Grande Perspective de notre ville, j'efface mentalement les éléments que j'ai décidé de ne pas prendre en considération. Je passe devant le siège d'un ministère, un palais à la façade surchargée de cariatides, colonnes, balustrades, moulures, corniches et métopes, et je ressens le besoin de la réduire à une surface lisse verticale, une lame de verre opaque, un diaphragme qui découpe l'espace sans faire obstacle à la vue. Même ainsi simplifiée, le palais continue de me peser dessus, de m'oppresser: je décide de l'abolir complètement; à sa place, un ciel couleur de lait plane sur la terre nue. J'efface de la même façon cinq ministères, trois banques et deux gratte-ciel, sièges de grandes sociétés. Le monde est si complexe, si embrouillé, si surchargé que pour y voir un peu clair il est nécessaire d'élaguer, d'élaguer."
Italo Calvino, Si par une nuit d'hiver un voyageur, Quelle histoire attend là-bas sa fin?

This reminds me of this quote by painter Georgia O'Keeffe:
"Nothing is less real than realism. It is only by selection, by elimination, by emphasis, that we get at the real meanings of things."

Sunday, August 2, 2009

Plurality of values

There are conservatives and progressives,
There are Black and Whites,
There are women and men,
Spiritualists and materialists,
There are optimistic and pessimistic people,
There are rich and poor people,
There are doctors and engineers,
Lawyers and workers.

There are black engineers,
There are rich spiritualists and pessimistic women doctor,
There are white progressive lawyers and asian conservative workers,
There are poor optimistic materialists and rich pessimistic spiritualists.

Society is rich. People reflect all the dimensions of life.
None of us resemble to any.
The links that join people with the same value form an intermingled and complicated web that extends over a multidimensional world.

There is no one Party. There are not just two parties.
The people you agree today, you would disagree tomorrow.

This is the respect we need to realize.
To avoid one group of people to focus the entire political life of a country around a couple of issues, to constantly dig deep ditches, destroy bridges and fantasying that half of the country agree with them on everything.

Only by realizing this richness, and respect this richness, that we will finally get out the constant inertia and bitterness of political fights and move along toward a better world.

The tale of the two writers

This is an excerpt (in french) of Italo Calvino, Si par une nuit d'hiver un voyageur (If on a winter's night a traveler). The book is one of the smartest book I read. So many books could be written in 5 or 10 pages (or lines!). This book, however, is so rich and full of intrigues in comparison. A must read!

I named this excerpt, The tale of the two writers:

"Deux écrivains, habitants deux chalets sur les versants opposés d'une vallée, s'observent a tour de rôle. L'un des deux a l'habitude d'écrire le matin, l'autre l'après-midi. Le matin et l'après-midi, celui des écrivains qui n'écrit pas braque sa longue-vue sur celui qui écrit.

L'un des deux est un écrivain productif, l'autre un écrivain tourmenté. L'écrivain tourmenté regarde l'écrivain productif remplir des pages de lignes uniformes, et le manuscrit monter en pile de feuillets bien rangés. D'ici peu, le livre sera terminé: sans nul doute un nouveau roman à succès --c'est ce que pense l'écrivain tourmenté avec une pointe de dédain mais avec envie. [...] L'écrivain tourmenté donnerait cher pour ressembler à l'écrivain productif; il voudrait bien le prendre pour modèle; son plus grand désir est désormais de devenir semblable à lui.

L'écrivain productif observe l'écrivain tourmenté tandis que celui-ci s'assied à sa table, se ronge les ongles, se gratte, déchire une feuille, se lève pour aller à la cuisine et s'y prépare un café, puis un thé, puis une camomille, lit un poème de Hölderlin (bien qu'il soit clair que Hölderlin n'a auncun rapport avec ce qu'il est en train d'écrire), recopie une page déjà écrite et puis la barre ligne après ligne, [...] déchire deux pages, met un disque de Ravel. L'écrivain productif n'a jamais aimé les oeuvres de l'écrivain tourmenté: à les lire, il a toujours l'impression d'être au bord de saisir un point decisif et puis voilà que celui-ci lui s'échappe et tout ce qui lui reste est un sentiment de malaise. Mais à present qu'il le regarde écrire, il sent que cet homme se bat avec quelque chose d'obscur, de noué, cherche à se frayer une route dont on ne sait où elle conduit; parfois, il a l'impression de le voir marcher sur une corde tendue au-dessus du vide et il se sent pris d'un sentiment d'admiration. Pas seulement d'amiration: aussi d'envie; parce qu'il sent bien que son propre travail est limité et superficiel par rapport à ce que l'écrivain tourmenté recherche.

Sur la terrasse d'un chalet, au fond de la vallée, une jeune femme prend le soleil en lisant un livre. Les deux écrivains l'observent à la longue-vue. «Comme elle est absorbée, comme elle retient son souffle! Avec quelle fébrilité elle tourne les pages! pense l'écrivain tourmenté. Elle lit surement un livre à sensation, comme ceux de l'écrivain productif!» «Comme elle est absorbée, presque transfigurée par la meditation, on dirait qu'elle assiste à la révélation d'un mystère! pense l'écrivain productif. Elle lit sûrement un livre riche de sens cachés, comme ceux de l'écrivain tourmenté!»

Le plus grand désir de l'écrivain tourmenté serait d'être lu comme lit la jeune femme. Il se met à écrire un roman écrit comme il pense écrirait l'écrivain productif. Cependant, le plus grand désir de l'écrivain productif serait d'être lu comme la jeune femme; il se met à écrire un roman écrit comme il pense que l'écrivait l'écrivain tourmenté.

L'un des deux écrivains, puis l'autre, entre en rapport avec la jeune femme. Chacun lui dit qu'il voudrait lui faire lire le roman qu'il vient juste de terminer.

La jeune femme reçoit les deux manuscripts. Quelques jours plus tard, elle invite les deux auteurs chez elle, ensemble a leur grande surprise.
- Mais qu'est-ce-que c'est que cette plaisanterie? dit-elle, vous m'avez donné deux exemplaires du meme roman!
Ou bien:
La jeune femme confond les deux manuscripts. Elle rend au productif le roman que le tourmenté a écrit à la manière du productif et au tourmenté le roman que le productif a écrit à la manière du tourmenté. Tous deux, en se voyant plagiés, ont une violente réaction et retrouvent leur manière propre.
Ou bien:"


...read the rest!